Sécheresse oculaire : traitement médical
La sécheresse oculaire constitue aujourd’hui un véritable problème de Santé Publique : en France, près d’un tiers de la population adulte en serait atteint. La prise en charge médicale de cette affection est multifactorielle et les traitements prescrits doivent se baser sur un diagnostic précis. Il doit notamment permettre d’identifier de façon claire les facteurs de risques propres à chaque patient et les causes potentielles de la pathologie.
Diagnostic des yeux secs
Les larmes jouent un rôle essentiel de protection des structures oculaires. Elles doivent pour cela être fabriquées en quantité suffisante et leur composition doit être de qualité. Ce dernier point concerne notamment la part lipidique du liquide lacrymal, le meibum, fabriqué par les glandes de Meibomius, localisées sous les paupières.
Quand il existe un déficit quantitatif ou qualitatif, la sécheresse oculaire fait son apparition. Elle engendre de nombreux désagréments : vision altérée, fatigue visuelle, brûlures, picotements, sensation de corps étrangers dans les yeux, hyper photosensibilité etc. Dans les cas les plus graves, des atteintes cornéennes sont parfois observées. Le mode de prise en charge médicale de la sécheresse oculaire ne peut être adapté au patient qu’après un diagnostic réalisé chez l’ophtalmologiste.
Entretien préalable
La consultation inclut un entretien poussé avec le praticien.
Au cours de celui-ci, même si l’âge est la cause la plus fréquente de cette affection, le médecin interroge le patient sur des facteurs qui pourraient constituer des éléments déclencheurs. Il peut alors s’agir de traitements médicamenteux (antidépresseurs, antalgiques, somnifères, antihistaminiques, contraceptifs oraux…) ou d’interventions antérieures de chirurgie réfractive. Certaines pathologies peuvent aussi être à l’origine de la sécheresse oculaire observée. Elles incluent notamment le diabète, des troubles thyroïdiens, certaines dermatites, le psoriasis, la rosacée ou des maladies auto-immunes (lupus, maladie de Crohn, syndrome de Goujerot-Sjögren…). Le mode de vie du patient est aussi passé en revue, puisque la consommation de tabac, l’air climatisé ou l’exposition excessive à des écrans constituent autant de facteurs de risque.
Au final, le but de cet interrogatoire initial est de mettre en place des mesures pratiques, en limitant l’exposition à certains facteurs favorisant la sécheresse oculaire et en prescrivant les médicaments nécessaires dans le cas de pathologies associées.
Examens à réaliser
Après l’entretien préalable, un examen ophtalmologique minutieux est réalisé. Les analyses sont en partie guidées par la discussion initiale. Elles incluent classiquement un examen à la lampe à fente, pour mesurer la hauteur du ménisque de larmes, et des tests destinés à évaluer la quantité et la qualité du liquide lacrymal produit.
Ainsi, le médecin peut par exemple placer des bandes de papier-filtre sous les paupières inférieures et mesurer la longueur de papier humidifié en quelques minutes (test de Schirmer).
Pour sa part, le BUT (« break-up time ») détermine la stabilité du film lacrymal. Pour cela, un colorant (fluorescéine) est introduit dans l’œil, et s’y répartit après quelques clignements de paupière. Le médecin mesure alors le temps nécessaire entre le dernier battement de paupière et la rupture du film lacrymal coloré, qui doit normalement être supérieur à 10 secondes.
Enfin, la recherche d’éventuelles lésions de surface (kératites), de signes de blépharite (inflammation des paupières) ou d’allergies oculaires, fait aussi partie du diagnostic initial.
Traitement des yeux secs
Le traitement de la sécheresse oculaire se base sur les observations et les conclusions de l’entretien et des analyses réalisées. Il n’est pas le même pour chaque patient et peut inclure différentes mesures à respecter au quotidien pour limiter l’exposition aux facteurs de risque (écrans, tabac, climatisation…) ainsi que l’arrêt ou, au contraire, la prescription de certains traitements médicamenteux.
Alimentation
Certaines études mettent en avant le rôle bénéfique des régimes alimentaires riches en acides gras oméga 3 pour diminuer la gêne occasionnée. La vitamine A jouerait aussi un rôle positif. Ainsi, par exemple, la consommation de certains poissons (maquereau, sardine, hareng…) et de fruits à coque (noix, pistaches, noisettes, amandes…) est conseillée.
Soins de paupières
Les soins aux paupières constituent un élément important de la prise en charge médicale. Il est conseillé de les masser par petits mouvements circulaires puis d’y apposer une compresse chaude et humide pendant 5 à 10 minutes, une à deux fois par jour. Leur bord doit alors être nettoyé avec un produit stérile adapté à l’hygiène quotidienne des paupières et des cils. Au-delà de ces soins quotidiens, certains exercices permettent de soulager la gêne due à la pathologie. En particulier, cligner des yeux fréquemment ou bailler plusieurs fois successivement, peut aider à assurer une meilleure répartition des larmes à la surface des yeux.
Larmes artificielles
L’utilisation de larmes artificielles est une composante fréquente du traitement. Il existe de nombreux produits différents, notamment par leur viscosité. Préférablement exempts de tout agent conservateur, ils sont à utiliser à la demande.
Traitement homéopathique
Dans certains cas, l’homéopathie peut constituer l’un des axes de prise en charge médicale de la sécheresse oculaire. L’automédication est bien sûr à bannir et le médecin doit toujours être consulté avant d’utiliser ce type de produits. Il peut en particulier s’agir de « Bryona », « Alumina » ou encore « Nux moschata ».
Antibiotiques : collyres ou voie orale
Chez certains patients atteints de blépharite ou de rosacée oculaire, un traitement antibiotique oral ou sous forme de collyre peut être prescrit. De même, l’inflammation des glandes de Meibomius peut justifier ce type de médication.
Collyre immunosuppresseur
Lorsque la sécheresse oculaire est associée à une maladie auto-immune, l’utilisation d’un collyre immunosuppresseur à base de ciclosporine peut alors s’avérer nécessaire. C’est notamment le cas chez les sujets atteints du syndrome de Gougerot Sjögren.
Sérum autologue
Lorsqu’il est utilisé, le but du sérum autologue est de venir traiter la surface oculaire par apport de facteurs trophiques spécifiques. Il est préparé après prélèvement d’un petit volume de sang du patient (moins de 40 millilitres), centrifugé pour en récupérer le sérum qui est ensuite dilué dans du liquide physiologique.
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