L’intelligence artificielle (IA) joue un rôle croissant en chirurgie réfractive, notamment en fiabilisant la sélection des patients à tel ou tel traitement et en permettant des interventions encore plus précises qu’auparavant, par exemple en termes de guidage des lasers utilisés. Une question éthique émerge alors naturellement : pourrait-on un jour envisager de confier une intervention complète à un robot chirurgical autonome, sans aucune intervention humaine ?
Les apports actuels de l’IA : une assistance précieuse
De plus en plus, l’IA intervient à toutes les étapes d’un parcours de chirurgie réfractive. Elle renforce la sensibilité de la détection du kératocône infraclinique, améliore la prédiction des résultats des traitements et permet d’affiner la sélection des patients. Par ailleurs, au cours de l’intervention proprement dite, elle optimise le guidage laser et contribue à la personnalisation des profils d’ablation.
De tout ce qui précède ressortent des points extrêmement positifs, en particulier une réduction de la variabilité des décisions d’un praticien à un autre, une sécurité accrue et des interventions encore plus personnalisées qu’auparavant.
Toutefois, malgré cette immense valeur ajoutée, l’IA reste intégrée à des systèmes pilotés par l’humain. Il conserve la responsabilité du choix des indications, du déroulement de l’intervention et de la gestion des éventuelles complications.
Vers une autonomie totale de l’IA en chirurgie réfractive ?
L’idée d’une chirurgie réfractive réalisée uniquement par un robot autonome soulève plusieurs limites.
Premièrement, si les bases de données sur lesquelles reposent les algorithmes reflètent effectivement une réalité clinique et statistique, nul ne peut assurer qu’elles couvrent toutes les situations possibles. Donc, le risque de biais ou d’erreurs liés à la qualité des données disponibles demeure réel.
Par ailleurs, un traitement de chirurgie réfractive ne peut pas être résumé au simple enchaînement d’étapes linéaires, en particulier parce que chaque patient est unique d’un point de vue anatomique, physiologique et comportemental. Ainsi, certains imprévus, comme des micro-mouvements incontrôlables au cours de l’intervention ou une réaction inattendue de la cornée, nécessitent une intervention humaine immédiate.
Enfin, l’absence totale de jugement humain poserait un problème éthique majeur : la décision de réaliser une chirurgie implique une étroite relation médecin-patient, qui dépasse la simple exécution d’un protocole automatisé, en incluant par exemple un devoir d’information du praticien inscrit au code de déontologie de la profession.
Pour toutes ces raisons, plutôt que d’imaginer un remplacement total de l’humain, les perspectives actuelles orientent vers une collaboration étroite entre le chirurgien et l’intelligence artificielle.
Ainsi, si dans le futur l’IA gèrera peut-être automatiquement certaines étapes techniques, c’est pourtant le chirurgien qui devra conserver le pouvoir de décision et le contrôle global de l’acte. C’est ce modèle collaboratif qui permettra tout à la fois d’aller vers plus de sécurité et d’efficacité des traitements, tout en préservant la responsabilité médicale.
L’avenir de la chirurgie réfractive n’est pas au remplacement du chirurgien par l’IA. Il consiste en une alliance, dans laquelle l’intelligence artificielle agit comme un levier d’amélioration continue au service des patients.










