Quelles sont les techniques qui existent ?
Changer la couleur des yeux est une question qui fascine depuis longtemps. Bien que la couleur des yeux soit un trait génétique déterminé par la quantité de mélanine dans l’iris, des technologies modernes permettent aujourd’hui d’envisager cette transformation.
Trois techniques principales sont disponibles : la modification par laser Yag, l’implantation d’un iris artificiel et la kératopigmentation de la cornée. Nous allons exposer dans cet article leurs avantages, inconvénients, et les risques associés afin d’éclaircir les champs thérapeutiques en dehors des lentilles de contact de couleurs.
Le Laser Yag
La technique par laser YAG vise à réduire la pigmentation de l’iris pour révéler une couleur plus claire sous-jacente. Attention, cela éclaircit la couleur de l’œil mais ne peut pas passer d’un œil marron à un œil bleu. Le laser va effectuer des impacts dans la couche superficielle de l’iris. L’ophtalmologiste va utiliser un laser YAG de basse intensité (Yttrium-Aluminum-Garnet) est utilisé pour cibler et détruire la mélanine présente dans l’iris. Ce laser entraîne des impacts mais ne brûle pas comme un laser Argon par exemple. La procédure est non invasive et ne nécessite qu’une anesthésie locale. Un collyre type oxybuprocaïne sera instillé dans l’œil quelques minutes avant la séance. Une séance dure environ 20 à 30 minutes, il faudra au minimum 3 séances espacés de 2 semaines minimum pour permettre une récupération et évaluer les résultats progressifs. L’énergie délivrée en moyenne est de 1.5 mJ avec des spots de diamètre entre 300 et 500 microns. Progressivement, la couleur de l’iris devient plus claire au fil des semaines suivant le traitement. Un traitement en collyre à base de cortisone et antibiotique sera délivré en post séance pendant une période 7 jours minimum avec une fréquence de 3 fois par jour. Il s’agit d’une procédure rapide, non invasif, pas d’incision, pas de risque de sécheresse oculaire et le résultat est définitif. Cependant il existe de gros risques pendant la procédure avec risque d’un hyphéma important par hémorragie de l’iris, d’impact sur le cristallin pouvant entraîner une cataracte et un risque élevé de glaucome en raison de la libération des pigments irien qui vont venir boucher le trabéculum situé dans l’angle irido-cornéen. Sur le long terme, les patients ont tendance à souffrir de photophobie avec une sensibilité à la lumière due à la diminution de la mélanine. Enfin, les résultats sont variables : la couleur finale peut être différente de l’attente du patient. Il est important de bien informer le patient à ce sujet. Des études préliminaires indiquent une certaine sécurité, mais avec un suivi limité (à peine 5 à 10 ans de recul dans certains cas). Selon une publication de Journal of Cataract & Refractive Surgery (2020), le nombre de patients ayant subi ce traitement est estimé à plus de 5 000 dans le monde, principalement aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie.
Implant Iris Artificiel
L’implantation d’un iris artificiel est une chirurgie invasive visant à insérer un implant coloré en chambre antérieur sous la cornée et devant l’iris pour modifier la couleur de l’œil. Un implant en silicone (disponible en plusieurs couleurs) est inséré chirurgicalement entre la cornée et l’iris naturel. Cette technique était initialement conçue pour traiter des malformations de l’iris (comme l’aniridie). Ces implants n’ont pas obtenu de marquage « conforme aux exigences » (CE) ni l’autorisation de la Food and Drug Administration cependant certains pays les proposent. La chirurgie est réalisée sous anesthésie locale au bloc opératoire et en ambulatoire. Une incision cornéenne de 3 mm est réalisée. L’implant est plié en 2 dans un injecteur et est ensuite déposée dans l’œil. Les deux yeux ne sont pas faits en même temps, un intervalle d’une semaine entre les deux yeux est proposé. Un traitement collyre pendant 1 mois est proposé à une fréquence de 3 à 4 fois par semaines. Les collyres sont composés d’antibiotique et de corticoïdes. Les principaux avantages sont un effet immédiat et naturel, une gamme importante de couleurs. Le résultat est réversible. Cependant il existe de nombreux inconvénients pouvant aller jusqu’à la perte de l’œil totale par décompensation endothéliale de la cornée, hypertonie oculaire forte ou endophtalmie. Les risques d’inflammations (uvéite) et de glaucome sont élevés ainsi que les cataractes précoces. Le tarif est entre 8 000 et 10 000 euros. Publié dans *American Journal of Ophthalmology* (2018), les implants d’iris artificiels sont approuvés pour un usage correctif mais restent controversés pour des raisons esthétiques. Moins de 3 000 patients ont été traités pour des raisons esthétiques. Certaines cliniques spécialisées en Turquie, au Mexique et en Inde proposent cette intervention.
La Kératopigmentation – FLAAK
La kératopigmentation (ou tatouage cornéen) est une technique ancienne, mais son utilisation a considérablement évolué au fil des siècles. Les premières descriptions de tatouage cornéen remontent à l’Antiquité. Le médecin romain Claudius Galenus (Galen) (2e siècle après J.-C.) mentionne une technique utilisée pour camoufler les cicatrices blanches sur la cornée chez les patients souffrant de leucome cornéen. Au 19e siècle, la kératopigmentation a évolué avec l’introduction d’encres plus sophistiquées et de techniques plus sûres. Puis Vers la fin du 20e siècle, la pratique a été en grande partie abandonnée en raison des risques associés (infections, inflammation) et de l’émergence de greffes cornéennes pour traiter de nombreuses pathologies oculaires. Cependant, depuis 10 ans la kératopigmentation a connu un renouveau grâce à des avancées technologiques grâce aux lasers femtosecondes pour créer un tunnel cornéen précis où sera disposé le pigment. Il s’agit d’un véritable tatouage cornéen. Cette approche moderne a été popularisée par des chirurgiens tels que le Dr Ferrari de Strasbourg qui a travaillé sur la kératopigmentation esthétique, réparatrice et fonctionnelle. Cette technique s’appelle le FLAAK. Elle est désormais utilisée pour des raisons réparatrices (corriger des opacités, des asymétries, des cicatrices cornéennes), fonctionnelles (réduction de la photophobie dans des cas de colobome ou d’aniridie) et esthétiques (changer la couleur des yeux). Le but est donner un aspect le plus naturel possible à l’œil quelque soit la raison de l’intervention. Nous devons le boom et l’essor de cette technique grâce au laser femtoseconde et notamment du laboratoire Zeiss. Il existe actuellement deux générations de laser : Le Visumax 500 permettant la réalisation des tunnels cornéens entre 20 et 25 secondes. Avec le nouveau laser, le Visumax 800 nous sommes à 10 secondes. L’institut voltaire où nous réalisons ces interventions est doté du laser femtoseconde zeiss dernière génération, c’est à dire le visumax 800.Le laser femtoseconde est un outil indispensable pour réaliser l’intervention du changement de couleur des yeux par kératopigmentation. Ce laser ultra-précis émet des impulsions de lumière à une durée extrêmement courte (de l’ordre de 10-15 secondes), permettant une découpe ou une modification des tissus avec une précision inégalée, sans endommager les tissus environnants. Voici comment il est utilisé dans la kératopigmentation : Création de tunnels ou poches intra-cornéennes : Le laser femtoseconde est utilisé pour découper de fines cavités dans la cornée avec une profondeur et une géométrie parfaitement contrôlée. Ces cavités servent à accueillir les pigments de manière sécurisée, sans affecter les couches externes de la cornée, minimisant ainsi les risques d’infection ou de rejet. La procédure est totalement indolore. Le patient ne voit rien durant la réalisation de ce tunnel. Il réalisera deux incisions en supérieures et en inférieures qui seront les portes d’entrées à la mise en place du pigment dans la cornée. La forme, la profondeur et la taille des poches créées par le laser femtoseconde peuvent être ajustées en fonction des besoins esthétiques ou fonctionnels du patient.
Cela permet, par exemple, de reproduire l’apparence d’une pupille naturelle en cas de colobome ou d’aniridie. Tout est personnalisable ainsi que l’énergie, la profondeur de la réalisation du tunnel. Les tunnels sont centrés par rapport à la pupille et le diamètre interne est soit de 4.5 mm ou 5.5 mm. Il n’est jamais en dessous de 4.5 mm en raison du risque de dysphotopsies et de gênes visuelles. La précision est au microns près, il n’y a pas de douleur et les risques d’inflammation ou d’infection post-opératoires sont minimes. Enfin, la réalisation de ces tunnels permet une intégration homogène des pigments, sans altérer la transparence des zones cornéennes intactes.
La kératopigmentation moderne peut traiter :
- Les cicatrices cornéennes : Souvent causées par des traumatismes ou infections (kératites).
- Les opacités cornéennes : Liées à des pathologies comme les dystrophies cornéennes ou les séquelles de greffe.
- Les anomalies pupillaires : Création ou symétrisation d’une pupille artificielle en cas d’aniridie ou colobome.
- Améliorations esthétiques : Offrir un œil esthétiquement naturel dans des cas de défiguration ou asymétrie.
Comment peut on changer la couleur des yeux grâce à cette technique ?
Pour cela il est nécessaire de créer un anneau coloré qui va tatouer l’intérieur de la cornée à l’aide de pigments biocompatibles. Il existe un nombre variés de pigments et il est tout à fait possible de mélanger plusieurs pigments afin d’obtenir une couleur unique. Cette technique reste la moins risquée de toutes pour le changement de la couleur des yeux par rapport au Laser Yag et à l’implant iris artificielle. Enfin, les pigments peuvent être modifiés et dilués afin d’estomper le résultat si nécessaire. Le risque de rejet est minime voire inexistant car il s’agit d’un matériau biocompatible. Les irrégularités esthétiques sont possibles et il sera nécessaire de faire une retouche si besoin. Enfin, on note un syndrome sec oculaire présent les premières semaines en raison de la modification de la biomécanique de la cornée par le laser modifiant l’aspect anatomique des nerfs cornéens.
Qui commercialisent les pigments ?
En France, le Laboratoire BIOTIC Phocea est produit les pigments destinés à la kératopigmentation. Leur produit, le BioChromaEyes®, est spécifiquement conçu pour cette application et a reçu l’agrément de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM), ainsi que des autorités européennes de sécurité sanitaire. Il est essentiel de noter que l’utilisation de pigments certifiés est cruciale pour garantir la sécurité et l’efficacité de la procédure. Les pigments doivent être stériles, biocompatibles et spécialement formulés pour une utilisation ophtalmique. L’approbation par des organismes de réglementation tels que l’ANSM assure que les produits répondent aux normes de qualité et de sécurité requises.Avant de subir une kératopigmentation, il est recommandé de consulter un chirurgien ophtalmologiste expérimenté qui utilise des pigments approuvés et respecte les protocoles médicaux en vigueur. Cela garantit non seulement la réussite de l’intervention, mais aussi la préservation de la santé oculaire à long terme. La kératopigmentation est la technique la plus réalisée en France sur l’ensemble des techniques permettant de changer la couleur des yeux. Cette technique est aussi retrouvée aux USA et au moyen-orient. Il est essentiel de choisir une clinique réputée avec des ophtalmologistes expérimentés pour limiter les risques.
Le tarif est de 5000 euros par œil, cela comprend les frais de clinique, les pigments ainsi que les honoraires du chirurgien. Le tarif peut évoluer selon le nombre de pigments utilisés pour la chirurgie. En moyenne, le coût varie entre 9000 et 10 000 Euros pour les deux yeux. Le coût de la consultation est de 250 euros et non pris en charge par la sécurité sociale. Durant cette consultation, de nombreux examens seront réalisés afin de vérifier la possibilité de réaliser cette chirurgie. En effet, il faut que la cornée soit suffisamment solide et épaisse pour permettre la création des tunnels et l’injection de pigment dans la cornée. Une analyse de la sécheresse oculaire sera aussi faite ainsi qu’une acuité visuelle, une mesure de la pression intraoculaire, un comptage des cellules endothéliales par microscopie spéculaire.
Changer la couleur des yeux est une avancée technologique impressionnante mais reste une décision lourde de conséquences. Chaque technique présente des avantages et des risques qu’il faut évaluer soigneusement. Pour ceux qui envisagent une telle transformation, une consultation approfondie avec un ophtalmologiste qualifié est indispensable. Assurez-vous de poser toutes les questions sur les complications possibles, le coût et la réversibilité avant de vous engager.